A seize ans, ainsi qu'elle le raconte dans "La première fois que j'ai eu seize ans", Susie Morgenstern se trouvait moche, rêvait d'amour absolu, et elle était, avec sa contrebasse, la première fille du monde admise dans le jazz-band de son lycée américain. Aujourd'hui, grand-mère et écrivain reconnu, Susie n'a pas renié grand-chose de ses seize ans...Toujours cette même façon de foncer, dans la plus élégante discrétion, qui l'a fait devenir successivement rédactrice en chef du journal de son lycée, épouse comblée de son premier amour, repéré au premier regard au restau U de l'université de Jérusalem, et auteur d'un grand nombre de livres pour la jeunesse. Toujours cette gourmandise de la vie sous toutes ses formes (y compris gastronomique, car Susie est une spécialiste du choix, de la préparation et de la dégustation de tout ce qui se mange). Toujours cette complicité grondeuse, rieuse et créative, héritée de son enfance et transmise à sa descendance : c'est à quatre mains, avec sa fille Aliyah, qu'elle a tenu un journal de la vie quotidienne de la famille, "Terminale! Tout le monde descend", où l'on constate qu'une mère et sa fille ne voient pas de la même façon des choses aussi essentielles que les bienfaits de la nature ou le bien-fondé du pillage de la garde-robe maternelle... Quant à sa fille Mayah, elle l'a secondée dans l'écriture de "Margot Mégalo", la chronique d'une année de terminale par l'héroïne du best-seller "La Sixième". Et, de l'archet de la contrebasse au porte-plume, toujours cet art d'extraire de quelque chose de plantureux et encombrant- notre corps, notre esprit, nos désirs, nos espoirs, nos amours, nos complexes- des accords graves et mélodieux, des notes solidaires et indispensables aux autres instruments de l'orchestre. Il y a quelque chose de profondément rassurant dans la fréquentation, même fugitive, de Susie. Avec son regard doux, avec ses gestes enveloppants, on sent qu'elle nous dit que tout va s'arranger, qu'il suffit de le vouloir un peu. On l'imagine très mal se mettre en rage, et pourtant on devine que ses colères doivent être terribles. Ses thèmes de prédilection sont l'amour, la religion, la famille et tout cela avec beaucoup d'humour, ne l'oublions pas. Dans "Barbamour", à la suite d'une décoloration loupée, Samantha se retrouve avec des cheveux blancs, ce qui lui donne l'idée de postuler pour une place de Père Noël de grand magasin. Le refus sexiste de la secrétaire lui fait oublier ses scrupules religieux (elle est juive et n'est pas censée croire au Père Noël, et encore moins l'incarner...) Avec "Lettres d'amour de 0 à 10", elle a obtenu un immense succès. Le livre a reçu une vingtaine de récompenses dont le prix Versele en Belgique et le Totem du Salon du livre de Montreuil. C'est l'histoire d'un garçon de dix ans très triste, élevé par sa grand-mère et d'une fille pleine de vie née dans une famille nombreuse. Par elle, le garçon découvre la vie et l'enfance en même temps qu'il retrouve son père. Il y a aussi ce merveilleux livre, "Trois jours sans", dans lequel William va s’ouvrir à la vie à l'occasion de son renvoi de l'école durant trois jours. Et puis, pour les plus jeunes, dans la collection « Mouche », Susie excelle à nous raconter des histoires de princesses et de maîtresses peu communes. Vous rencontrerez l’irrésistible princesse Alyestère qui veut absolument aller à l’école comme tous les autres enfants dans « Même les princesses doivent aller à l’école », mais aussi une maîtresse qui reçoit des fax de son fiancé et une autre qui ne veut pas partir à la retraite. Impossible de ne pas aimer la vie avec Susie!